Topic du "j'ai vu, j'ai aimé, je te le conseille !&quot

Pourquoi développer ?
C'est un peu la critique parfaite à mon goût.

J'ai appris des meilleurs.

Microbe et Gasoil :
Le film est assez étonnant. Il trouve un équilibre pas évident entre un naturalisme sans afféteries et une histoire irréaliste traversée d'épisodes burlesques voire fantasmagoriques (je pense aux séquences de rêve ou à la mise en abyme de la fin du voyage). Ce mélange permet d'appuyer le caractère un peu bizarre et "à mi-chemin" de la (pré)adolescence (pour parler égoïstement je crois que c'est la première fois que je vois un film où je retrouve enfin cette période telle que j'ai pu la vivre) mais c'est aussi une mise en évidence de la douce rébellion prônée par Michel Gondry à travers ses deux héros : en mélangeant les genres et les styles, comme Gasoil qui mélange blouson de motard, bas de jogging et mocassins vernis, Gondry se donne la liberté de passer de la grosse comédie au questionnement intime, du romantisme au social ou au drame... L'esprit de liberté qui souffle sur le film n'est pourtant pas une excuse pour mythifier un âge ou des personnages et Gondry garde en stock un peu d'amertume qui donne au voyage le goût des souvenirs enfouis.
(eh ouais !)

Une séance par jour l'après-midi dans une petite salle par chez moi, si vous voulez le voir, dépêchez-vous.

Par le plus grand des hasards, j'ai maté 40 tueurs, western de Sam Fuller.
C'est court, racé, efficace, la mise en scène est à tomber et la photo itoo.

1880 en Arizona. Griff Bonnel, accompagné de ses frères Wes et Chico, parvient à Tombstone, dominé par une bande de hors-la-loi menée par la puissante propriétaire terrienne Jessica Drummond. Dès leur arrivée, le shérif de la ville est tué par Brockie, le frère de Jessica. Griff parvient à l’arrêter en l’assommant et l’emprisonne. Aussitôt au courant, Jessica Drummond descend sur la ville armée de ses quarante tueurs et libère son frère grâce à son avocat. Après avoir été réprimandé par sa sœur, Brockie, humilié, va tout faire pour se venger de Griff. Ce dernier se rapproche amoureusement de Jessica.

Ah ouais 40 tueurs ça tue (haha) !
Accessoirement ce film m'a marqué parce que dedans il y a une scène évoquée par Gotlib dans la Rubrique-à-Brac.

Spoiler:

Bruttenholm a écrit:

Ah ouais 40 tueurs ça tue (haha) !
Accessoirement ce film m'a marqué parce que dedans il y a une scène évoquée par Gotlib dans la Rubrique-à-Brac.

Spoiler:

Ah oui, c'est exact!

Peut-être mon Fuller préféré, celui-là.

Pareil. C'est un peu con que ce soit le premier que j'aie vu, du coup

Suis sûr qu'il t'en reste plein à voir (dans les bons, t'es pas obligé de te taper les "Shark!" et compagnie, non plus).
Mais bon, celui-là, c'est quand même, dans le style Fuller, une des plus grandes réussites.

Vu 40 tueurs, le port de la drogue, shock corridor et au-delà de la gloire donc ouais j'ai de la marge

Tiens, j'ai vu "Réalité", le dernier Dupieux (l'histoire d'un apprenti réalisateur -Alain Chabat- qui veut faire un film avec des télés qui tuent les gens et qui pour convaincre son producteur doit d'abord enregistrer le meilleur gémissement d'agonie de l'histoire du cinéma). En préambule je rappellerais où j'en étais resté avec le réalisateur :

Bruttenholm a écrit:

Wrong : Bon, je me suis un peu emmerdé devant le dernier Quentin Dupieux. Tout bien considéré, je me demande si Steak n'était pas son meilleur film, avec Eric et Ramzy qui venaient enrichir ou parasiter son univers alors que là les personnages sont très peu développés (de manière totalement assumée, la plupart étant des caricatures d'archétypes de la culture américaine), ce qui amène le film vers une sorte d'asthénie certes pas inintéressante mais qui n'est pas non plus loin de la vanité.

Eh bien les choses s'arrangent avec "Réalité" ! Surtout grâce (je crois) au retour d'acteurs français qui jouent en français. C'est pas compliqué j'ai trouvé que Chabat, Élodie Bouchez et Jonathan Lambert étaient les meilleurs acteurs du film. Je mettrais ça sur le compte de nuances de jeu inexistantes chez les acteurs américains qui jouent le truc plus à plat (les partitions absurdes de Dupieux nécessitent de jouer au premier degré mais j'ai l'impression que ça peut entraîner une sécheresse de jeu assez dommageable -Dupieux reconnaît d'ailleurs lui-même qu'il a du mal à faire passer toutes ses indications de jeu en anglais). Du coup, alors que Rubber et Wrong me laissaient un peu sur le carreau par cette manière d'être volontairement anti-émotionnel, j'ai trouvé que "Réalité" travaillait plus l'empathie et permettait logiquement de plus entrer dans le film.
Après ça reste du Dupieux, avec une histoire non-sensique à mi-chemin entre l'expérience surréaliste et la blague potache mais alors que dans Rubber et Wrong j'étais toujours en train de me demander si on se foutait de ma gueule, là je subodore quand même un socle émotionnel (voire autobio) qui fait qu'on ne glisse pas sur le film comme sur les plumes d'un canard. ça fait un peu penser au système Lynchien, avec cette idée d'impliquer le spectateur dans un mystère qui n'est qu'une construction cinématographique. Le film semble ainsi structuré autour d'une vraie progression dramatique qui enfle au fur et à mesure selon une logique de rêve et qui devient vraiment prenante tout en restant complètement absurde. Du coup c'est assez fortiche.

En conclusion, c'est pas compliqué : Steak et Réalité sont les meilleurs films de Dupieux, il faut donc qu'il fasse ses films en français.

Quant à moi, j'ai beaucoup aimé MARIE-OCTOBRE de Julien Duvivier, qui peut rappeler 12 hommes en colère. Un huis clos où un groupe de résistants qui se retrouvent autour d'une table tentent par tous les moyens de faire la lumière sur une trahison et la disparition de l'un des leurs.
Les dialogues de Jeanson sont brillants et l'interprétation (Meurisse, Ventura, Reggiani et quelques supers seconds couteaux) au top.

J'ai revu PANIQUE de Duvivier, tiré de la nouvelle de Simenon (Les fiançailles de Monsieur Hire) avec Michel Simon. Histoire de trahison et d'une manipulation, et comme toujours chez Simenon sur les bassesses de l'esprit communautaire.

J'ai vu LE TEMPS D'AIMER ET LE TEMPS DE MOURIR de Douglas Sirk. Coté allemand, un militaire en perm du front russe part à la recherche de ses parents. Il en profite pour se marier mais sa femme, elle aussi, ne sait pas ce que sont devenus ses parents.
C'est très beau car plongé dans l'universalité. Voilà

Ah tiens tu me fais penser que je l'avais enregistré mais que j'avais pas eu le courage de le voir.

Je n'avais pas trop envie de le voir mais il vaut le coup.
Comme d'hab, les images de Sirk sont magnifiques.
C'est absolument inconfortable car le soldat en perm doit faire face à la détresse des civils mais aussi aux exactions de la Gestapo.
Le truc qui m'a le plus scotché, c'est de la personnage d'Elisabeth car elle semble traumatisée, mais ce n'est pas dit.
Bref tout est angoissant dans ce film. Il y a quelques plans très gilliamesque (genre des ruines en mode Munchausen).
C'est quand même un putain de film.

A part ça, j'ai enfin vu LE VENT SE LEVE, et j'ai beaucoup aimé.
Dans le genre "animé pour adultes" on ne peut pas faire mieux.
Au milieu de la grande histoire, l'homme qui s'apprête à prendre son destin en main, ou au vol, ce sont les petites attentions entre les personnages qui à chaque fois me renversent.
Et quelle fin magnifique.

Spoiler:

MR HOLMES de Bill Condon; c'est le long-métrage tiré du bouquin de Mitch Cullin avec Ian Mac Kellen
En 1947, Sherlock Holmes vit une paisible retraite dans le Sussex, en compagnie de sa gouvernante Mme Munro et le fils de cette dernière, Roger. Toutefois, une affaire remontant à 50 ans le hante encore et toujours. Mais son légendaire pouvoir de déduction n'est plus intact et Watson n'est plus là pour l'aider. Le célèbre détective va cependant devoir mener à bien l'une des enquêtes les plus importantes de sa carrière.
C'est très fin, c'est très délicat, c'est très classe. L'intrigue nous emporte délicatement, jamais loin, mais où elle veut. J'adore ce genre de film modeste qui en dit long. On est loin des enquêtes grandiloquentes mais davantage dans celles des petits jours qui hantent longtemps. Ian Mac Kellen est incroyable. Sur ce qui est incroyable, c'est qu'en bout de course on peut dire "P'tain ce Sherlock, il fut un sacré personnage. Ou pas."

Il me dit bien çui-là. Effectivement ça a l'air assez classieux. Faudra attendre avril pour le voir en salle par chez nous !

Tiens, paraît que Tardi s'est exprimée sur le Adèle Blanc-Sec de Luc Besson dans le magazine Les Années Laser (ça taille) :

Citation :

Les Années Laser : Quel est votre regard sur l'adaptation de vos BD d'Adèle Blanc-sec réalisée par Luc Besson ?

Jacques Tardi : Je voudrais préciser qu'Avril et le monde truqué a été entrepris avant le projet de Besson. Peu de dessinateurs résisteraient à la perspective de voir leurs personnages prendre vie en chair et en os au cinéma. Le film vaut ce qu'il vaut, il y aurait beaucoup de choses à en dire. Je ne m'attendais pas à ce qu'on choisisse une actrice qui ressemble à Adèle Blanc-sec, et qui en plus ait éventuellement du talent, donc j'ai accepté Louise Bourgoin telle qu'elle était, comme "une" Adèle Blanc-sec parmi d'autres. Les décors étaient très bien réalisés. Besson a grimé les rôles secondaires avec des fausses oreilles pour les rendre conformes aux personnages originaux et ça, c'était assez réussi. Les scènes du jardin des plantes étaient intéressantes, mais je m'étais opposé à ce que le début du film soit conçu à la manière des Aventuriers de l'Arche perdu. J'ai dit à Besson : "Tu n'as pas le droit de faire ça !", mais il a fait selon son idée, point final. Quand on comprend ça, on se retire du projet, on assiste quand on vous le demande, on regarde les choses de manière bienveillante, et c'est tout.

Un jour, il dira que le film est nul!

Sinon, j'ai vu VICE et VERSA, c'est le Pixar qui m'a le plus touché depuis, depuis ... Toys Story 3. Peut-être.
Genre de film insignifiant pour lequel j'ai beaucoup de tendresse, LE MYSTÈRE DES FÉES qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui ravigote bien.
VALLEY OF LOVE, aussi léger et inabouti soit-il, m'a beaucoup plu, et c'est pourquoi je le classe ici.

Hier soir, j'ai rematé COTTON CLUB. Une fois de plus, la copie d'ARTE est impeccable. Je ne me souvenais qu'il y a une série de cadres à tomber à la renverse en mode Orson Welles et que Gilliam n'aurait pas renié.

Vintage a écrit:

Un jour, il dira que le film est nul!

Ben de ce qu'il en dit (actrice mauvaise, scénar pourri), c'est pas loin quand même.

Bruttenholm a écrit:

Selon Gilliam, le lien entre son Munchausen et l'autre serait fortuit : http://books.google.fr/books?id=8eDE0hce0kEC&pg=PA132&lpg=PA132&dq=terry+gilliam+interview+zeman&source=bl&ots=2VUPBqa0qT&sig=ONd_S8hjJyLlKE_qpC31FdH_Z0o&hl=fr&sa=X&ei=QGelU6GqEKbG0QWm_4CoAQ&ved=0CG0Q6AEwCQ#v=onepage&q=karel&f=false
(a priori une convergence stylistique due à l'influence commune des illus' de Doré)
(je veux bien lui accorder le bénéfice du doute)
(mais c'est vrai que quand on voit ça, on peut se poser des questions

Bruttenholm a écrit:

ouais mais faut savoir s'il y a plein de choses qui renvoient au film de Gilliam ET qui ne sont pas dans le bouquin...
(après, les anim en papier découpé dans les années 60, y a qu'à se baisser, donc c'est pas forcément un critère discriminant)
Y a aussi des trucs dans le Münchhausen made in Goebbels qui pourraient faire tiquer :


http://cinemosaic.blogspot.fr/2011/01/munchhausen-1943.html

Du coup j'ai feuilleté l'autobio de Gilliam en librairie -parce que j'espère encore que quelqu'un me l'offrira- et le gars dit quand même très clairement qu'il a vu la version Zeman et la version Goebbels avant de commencer la production de son film (et que ça a même été déterminant dans son envie de faire le film, si je me souviens bien), donc l'inspiration est revendiquée (ou du moins, moins honteuse les années passant).

Suite à la requête de Mr Vintage J. de Chalon sur Saône, nous répondons par la présente que wallah j'ai pas de problème pour poster.
Après, j'ai ouïe dire que les détenteurs de Fiche "S" pouvaient rencontrer des difficultés à communiquer sur Internet.

D'ailleurs, pour rebondir sur ce qu'il y a au dessus, mercredi, j'emmène pour la première fois ma fille au cinoche.
On va voir ça:
J'espère que ça lui plaira.
Au moins autant que La reine des neiges.
Ça me ferait des vacances...

L'initiation chronologique au cinéma... D'abord le muet... Dans deux ans, le parlant. La couleur pour l'entrée en CP...