Les décors.
Les décors sont à l’image des autres films de Terry Gilliam c’est à dire grandioses et magnifiques. Certaines mauvaises langues ont beaucoup critiqué ce point en prétextant que ces décors « très arties » étaient « tape à l’œil ». Je ne suis pas de cet avis car à la différence d’un Ridley Scott avec son Blade Runner, les décors du film ne sont pas LA star du film ! Ces décors sont très soignés certes mais s’expliquent pour plusieurs raisons propres à Gilliam.
Dabord, le perfectionnisme de Terry Gilliam. Il faut voir le documentaire The Hamster Factor pour se rendre compte de la maniaquerie et la minutie par laquelle Terry et ses proches collaborateurs constituent les décors. L‘anecdote du « facteur hamster » montre parfaitement ce perfectionnisme. Ainsi lors de la scène ou Cole se fait une prise de sang, Terry se concentre plus sur le jeu du Hamster en fond de décor devant courrir dans la roulotte de sa cage que sur le jeu de Bruce Willis. Il en est même devenu malade car le Hamster ne faisait pas ce qui était prévu. Le plus incroyable, c’est que le Hamster ne se voit presque pas à l’image ! On comprend par cette anecdote que Terry regarde et supervise le moindre détail de chacun de ses plans avec un souci de perfectionnisme presque maladif. (caractéristique que l’on retrouve également dans le documentaire Lost in la Mancha)
Dautre part, Terry a un goût immodéré pour les grandes architectures. Comme pour ses précédents films, les architectures de que les héros fréquentent sont tous monumentales !
C’est par exemple, la reconstitution de la ville sous terraine futuriste avec la gigantesque machine à voyager dans le temps. Cette « ville sous terraine futuriste» a été filmée non pas dans un décor gigantesque de studio (trop coûteux) mais dans une usine sidérurgique de Philadelphie.
La machine à voyager dans le temps est aussi filmé dans cette usine et il faut beaucoup d’imagination et un esprit très fort dans les collages (cela tombe bien !) pour assembler, imbriquer tous les éléments du décor de façon à ce qu’ils soient cohérents et réalistes ! Ce genre de prouesses, ils sont peu au monde à pouvoir les réaliser ! (Marc CARO dans La cité des enfants perdus » ?).
C’est aussi l’exemple de l’aéroport dont l’architecture est magnifique. Ou encore le magasin de noel dont la façade et le plafond sont tout simplement grandiose.
Enfin, Terry a un goût artistique en matière de décors que l’on peut qualifier de génial, unique, novateur, cheap mais très beau, satirique de la réalité donc très réaliste…Dans le magazine « Première », le journaliste décrit ainsi les décors de « 12 monkeys » : « Visuellement on retrouve avec plaisir le style de Gilliam, ses collages incongrus, son goût de l’architecture monumentale et sa manière irrépréssible de représenter les quartiers vivants de la ville comme étant sous le coup d’une monstrueuse grève des éboueurs ».
Ces décors « cheap » et génial s’expliquent paradoxalement par un manque de moyens ! En effet, pour pallier au manque d’argent, la personne chargée des décors et Terry Gilliam ont dû se creuser la tête. (comme on dit en France, « On a pas d’argent mais on a des idées ! »). C’est ainsi que par soucis d’économie et en osmose avec le scénario, les décorateurs ont visité toutes les brocantes de Philadelphie et des alentours pour dénicher des objets pouvant constituer des décors. Ainsi Terry a reconstituer un monde futuriste par l’assemblage d’objets du 20 ème siècle !
Cela paraît étonnant et pourtant c’est tout à fait logique du point de vue du scénario car il faut bien se dire que l’esthétisme s’est arrété en même temps que l’épidémie est apparue comme si le temps s’était figé ! Cole vit donc au début du film dans un monde qui a bien lieu dans le futur mais avec une esthétique qu’on pourrait qualifier de futur antérieur.