j'ai vu, j'ai été transcendé, je suis traumatisé

Bon, je reviens sur La Condition de l'Homme de Kobayashi en 3 parties. Une œuvre humaniste, sociale, antimilitariste, profondément sombre et désespérée. Et l'auteur n’épargne guère son propre pays. L'une des plus grandes trilogies que j'ai pu admirer jusqu'à présent. Faut pas être rebuté par la durée, mais sitôt à l'intérieur du monument, on ne décroche quasiment plus. C'est à peine si j'ai trouvé le temps long. Un peu quand même, surtout quand on a une envie pressante et qu'on n'ose pas mettre sur pause la lecture de ce chef d’œuvre pour si peu.

Merci du conseil. Édité chez Carlotta, c'est bon signe.

Je connais pas le prix du coffret à l'état neuf (assez élevé sans doute), mais je ne peux qu'encourager le visionnage de ce film. Alors que le cinéma français a attendu des décennies avant d'oser représenter la guerre en Algérie, Kobayashi fonce dans le tas sans détour et sans rien édulcorer, seulement 15 ans après la défaite de son pays. Et c'est une énorme claque. Très gros coup de cœur !

Kobayashi c'est celui qui bosse pour Keyser Söze non ?

Hightmar3 a écrit:

Kobayashi c'est celui qui bosse pour Keyser Söze non ?

Oui, oui, c'est lui même!

Vintage a écrit:

Hightmar3 a écrit:

Kobayashi c'est celui qui bosse pour Keyser Söze non ?

Oui, oui, c'est lui même!

Mais avant de prendre les traits de Postlethwaite, il a fait de très bons films.

grolandais a écrit:

Vintage a écrit:

Hightmar3 a écrit:

Kobayashi c'est celui qui bosse pour Keyser Söze non ?

Oui, oui, c'est lui même!

Mais avant de prendre les traits de Postlethwaite, il a fait de très bons films.

Et je rajoute dans mes conseils Rébellion du même Kobayashi (oui, je me fais une suite de films nippons en ce moment) avec Mifune et Nakadai, à nouveau en duel. Les deux plus grands acteurs du cinéma japonais ni plus ni moins dans un jidai geki qui suscite autant de plaisir qu'un bon vieux Kurosawa, en possédant moins d'humour tout de même mais la même force humaniste. Kobayashi était un grand lui aussi. Une belle découverte.

Balada Triste. Seul film uniquement scénarisé par De La Iglesia, qui s'est embarqué tout seul, à poil, et à fond les ballons (comme jamais) dans ce délire plus grand que la vie, glauque, d'une ultra-violence absolue, d'une dérision, d'une folie, d'un humour noir dingue. A la manière de Tarantino, De La Iglesia prend soin de réécrire l'histoire (de faire son devoir de mémoire), mais là, ca fait mille fois plus mal, c'est mille fois plus taré, secoué du citron, fascinant (sur la figure du clown et sur l'idée même du rire. Tout De La Iglesia est là, dans cette image du rire parsemé de pleurs, le rire du désespoir à son apogée), et, surtout, le générique de début est l'une des plus grandioses notes d'intention qu'il m'ait été donné de voir.

Sinon, je me suis enchaîné cinq de ses films durant mon chef festival du ciné espagnol, et quel plaisir de voir le gus présenter tous ses films avec modestie, humour et complicité...

milbart a écrit:

...et, surtout, le générique de début est l'une des plus grandioses notes d'intention qu'il m'ait été donné de voir.

C'est vrai que le générique se pose là. C'est même ce qu'il y a de mieux dans le film, parce que la suite est à mon goût franchement médiocre.
Sauf le plan de fin que j'ai trouvé assez fendard.

popescu a écrit:

Sauf le plan de fin que j'ai trouvé assez fendard.

C'était quoi, encore ?
Moi j'avais plutôt bien aimé... Je trouvais que la métaphore sur l'Espagne était bien accompagnée par une filiation artistique revendiquée ('pas mal pensé à Goya).

Spoiler:

J'ai trouvé ça très drôle.

Le truc c'est pas qu'ils pleurent alors que leur visage ravagé affiche une grimace qui dit l'inverse ?
(j'avoue que je n'ai qu'un souvenir très lointain de cette scène -j'ai d'ailleurs peu de souvenirs frais des films en général)

Sais plus, j'ai juste cette image de

Spoiler:

, ça a suffit pour me faire rire.

Nan mais sauf ton respect mon petit popescu...

Spoiler:

popescu a écrit:

Sais plus, j'ai juste cette image de

Spoiler:

, ça a suffit pour me faire rire.

Ah ouais...
Tu t'es vraiment emmerdé devant ce film, en fait.

EDIT : Je ne pourrais pas vous départager, je ne me souviens plus vraiment (dans mon idée, l'Auguste a la tronche ravagée et donc un rire permanent, mais chiale aussi) (ou bien effectivement, l'un chiale, l'autre pas, et alors ça montre qu'ils n'ont pas pu sortir des caricatures que la société a fait d'eux) (enfin un truc comme ça, en tout cas je me souviens que c'était plus qu'une petite blagounette en forme de pirouette finale)

Non, pour moi ils chialent tous les deux.

Spoiler:

De la symbolique un rien lourdingue sauvée par l'image gaguesque.

milbart a écrit:

Nan mais sauf ton respect mon petit popescu...

Spoiler:

ça veut rien dire.

Si. Même, je vais te contredire: ca veut TOUT dire. C'est lui même qui le dit partout.
Et je trouve cela assez wilderien (d'ailleurs, tu verrais La Chispa de La Vida, dans l'idée c'est du Wilder). L'image du rire qui se mêle aux pleurs, c'est l'image de tout son cinéma, rire du désespoir ,rire du tragique, l'artiste ne fait que le dire dans toutes ses présentations et ses films, rire dans un cadre grotesque et dingue de l'horrible, et, ici, le pari est clairement insensé, vu le cadre historique morbide. De La Iglesia a déclaré "être du genre à rire durant les enterrements". Car, selon lui, le rire est le dernier recours face à la mort et à toute cette déprime ambiante.
Mais bon, t"as peut être raison, hein.

Par rapport à ce qu'il raconte, ça veut toujours rien dire.
Ou alors, c'est une pirouette je m'en foutiste, et un aveu d'impuissance quand à donner une conclusion à son histoire.

Non, non.
Au fait, l'humour comme recours au désespoir le plus radical (Balada Triste, bondiousse, dans le genre ça se pose là, à côté de cela ses autres films c'est du Zac Efron) c'est pas seulement un principe, un gimmick, une obsession ou quoi que ce soit: quand tu vois De La Iglesia parler, tu te rends compte que c'est un conseil fait au spectateur. Un conseil humaniste: riez du plus grand de vos malheurs. Car à la fin, il ne reste que cela, et c'est pour cela queje continue à faire du cinéma. Vraiment puissant. Et en plus de mêler l'énorme trauma culturel à l'énorme trauma "historique", qui vient du fond des tripes (bon dieu, ce générique de début, assez énorme, non ?), De La Iglesia parle du rire et c'est logique que cela amène, tout le temps, la violence.
Les clowns sont des psychos, on tabasse parce qu'on a pas rit à une vanne, on a peur de ne pas être accepté parce qu'on ne fait pas rire, etc.

N'empêche, terminer son film par "ah lala, vaut mieux en rire que d'en pleurer" c'est un beau foulage de gueule.
J'ai pas vu le film comme un film sur le rire.
Mais alors pas du tout.
Si ça se trouve, c'est encore plus naze que je ne le croyais.

C'est le film le plus sincère de son auteur. Je peux t'assurer que l'artiste a connut assez de merdes dans sa vie pour en venir à un point où il a su trouvé sa catharsis. Ce n'est pas qu'une clause de style pour plaire aux Inrocks...mais après, je comprends qu'on trouve cela maladroit exubérant, bouffon, nul...(enfin non, je comprends pas mais chacun ses goûts, chacun son chemin).

milbart a écrit:

il a su trouvé sa catharsis.

en se gaufrant l'actrice principale, le coquin !

Bon, sinon, un peu pareil que popescu, dans mon brouillard de souvenirs, j'ai pas vraiment l'impression que le film tournait autour du rire salvateur ou je ne sais quoi. Plutôt sur l'Histoire et les idéologies qu'on adopte ou qu'on ait forcé d'adopter ou qui nous phagocytent...

Spoiler:

Sinon, je peux pas en vouloir à De La Iglesia de trouver sa catharsis par le biais de scène de sexe salvatrices, hein.

Sinon, entendu derrière moi avant la projo: "waw, y'a même le réalisateur qui se ramène avant chaque séance de ses films, Alex chéspluquoi là, on m'a dit que c'était le Tarantino espagnol !!"

milbart a écrit:

Spoiler:

Spoiler:

milbart a écrit:

Sinon, entendu derrière moi avant la projo: "waw, y'a même le réalisateur qui se ramène avant chaque séance de ses films, Alex chéspluquoi là, on m'a dit que c'était le Tarantino espagnol !!"

C'était Taddei ?