Topic du "j'ai vu, j'ai aimé, je te le conseille !&quot

Bruttenholm a écrit:

Bizarrement je trouve justement qu'une des forces du film (et qui se retrouve dans tous les Tarantino) est d'éviter de tomber dans le "piège" de l’iconique à outrance (piège dans lequel tombent la plupart des blockbusters) pour rester avec les personnages. Un réalisateur moins malin aurait tout de suite iconisé Django alors que là il y a un cheminement.

Je te répondrais par Oui et par Non. Au lieu de faire mon jibé-morain, je développe:

Le film a cela d'intéressant qu'il mélange les deux, comme souvent chez Tarantino (cf Kill Bill, les deux volets s'entend), une humanité sans quoi le personnage ne serait qu'un clin d'oeil permanent, jamais attachant (ce qui n'est décidément pas le cas) et un art de l'iconisme sortant tout droit de l'esprit d'un cinéphage aux multiples fantasmes de pellicule. Ce que j'aime beaucoup, c'est cette manière qu'a Tarantino d'épargner à son héros deux séquences de souffrance (la deuxième, quand il apparaît face à l'écran), histoire de dire: je sais que vous trouvez toujours ce genre de scènes obligées, étirées à l'envi, et là, je vous offre immédiatement la catharsis salvatrice.

Je me suis attaché au personnage. Et en même temps, je le vois, en fin de film, comme un Mythe mobile, et j'en suis d'autant plus fasciné.

Ce qui me déplaisait un peu dans Boulevard de la Mort, c'était ces parlotes, et ce qui, en comparaison, m'a plu dans Inglorious Basterds, c'était...ces parlotes. Parce que là, elles avaient une vocation, une direction, au niveau de la dramaturgie, de la narration, de la progression, alors que les débats entre meufs me semblaient plus futiles. Dans Django, rien ne me semble superficiel, et, encore une fois, Tarantino s'excuse de certaines facilités (le face à face entre les deux Djangos) par de véritables idées de metteurs en scène. L'usage du zoom à ce titre m'a semblé vraiment ludique. Et Dicaprio et Waltz pourraient jouer au UNO durant deux heures, cela resterait passionnant.

Un pote m'a dit que cela manquait de duels. Je n'ai pas trouvé. Duel avec un Dicaprio, qui est davantage une espèce de snob un brin psychopathe qu'un cowboy ? Duel avec un Uncle Ben vieillissant ne demandant qu'à se faire plomber ?

Entre parenthèses, je m'étonne encore de voir certains, presque surpris, déclamer que Dicaprio est sacrément bon. Il est immense depuis Titanic (voire depuis Gilbert Grape), alors, perso, je m'y suis presque acclimaté.

Ben dans Boulevard de la Mort, les filles du début (ça change dans la deuxième partie) étaient quand même bien montrées comme des bécasses donc c'était fait exprès que ce soit soûlant et creux.

milbart a écrit:

(le face à face entre les deux Djangos)

ça, en revanche, c'était naze. Le clin d’œil pour le clin d’œil, déconnecté de l'histoire et qui fait sortir du film.

...mais qui a le bon goût de ne durer que quelques secondes. Tarantino ne pouvait s'en empêcher, mais de la manière dont cela est écrit, c'est incompréhensible pour les non-connaisseurs. Purement et simplement. C'est comme si Van Damne apparaissait, que Django souriait et lui balancait: "vous étiez génial dans Kickboxer".

Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi des débats se poursuivent, concernant la violence chez Tarantino. Déjà, la violence dans un western...ici, tout est, à l'image de Dicaprio, outrancier, même si cru, sadique, cruel, tenant par là même des séquences obligées du cinéma d'exploitation, mais chez Tarantino, la violence, c'est pas du Haneke. Le débat n'a pas lieu d'exister.

J'ai adoré la séquence de gun-fights à base de bon gros rap old school. Seul Tarantino pouvait faire passer ça. Evidemment, y'en a qui fument la pipe, votent Mélenchon, portent des vestes en tweed et préfèrent...le "jazzzzzzz". (: air méprisant à l'appui : )

En même temps sur le forum personne n'a jamais débattu de la violence chez Tarantino, et je l'ai pas non plus beaucoup lu dans les critiques de Django (non parce que si tu balances des "je comprends pas tous ces débats sur" et que y a pas de débat, ça fait un peu argument rhétorique).
Y a d'ailleurs 2 types de scènes violentes dans le film, des scènes cathartiques et des scènes douloureuses -comme dans tous les Tarantino mais là c'est peut-être plus marqué par une certaine pudeur de la caméra devant les scènes les plus traumatisantes.

Ah mais non, nous sommes entre gens intelligents, alors je sais très bien que le débat ne fut pas développé ici-bas. Mais j'en ai entendu pas mal causé ailleurs, sur les sites dits de "relève de la critique", comble pour ce genre de débat futile qui remonte à 1992.

J'aime bien la séquence de prise de conscience de Waltz. Tout en douceur. Subtil.

Je serais curieux de savoir ce que vous pensez de Jackie Brown: j'avais trouvé le film...hum...long...et dois certainement le réévaluer.

Jackie Brown c'est le film à revoir APRES l'adolescence. Sinon c'est trop long.

Du coup, pour toi, je dois le re-mater dans combien d'années ?

à vue de pif, 40 ans.

Jackie Brown est trop long.
Mais, plus je le vois plus je l'aime.

Tarantino travaille la matière qui se bonifie.

Ai beaucoup aimé Blancanieves.
Fallait que ce soit dit.
Là, c'est dit.

Ah ben tiens tu m'intrigues là, ça avait l'air chiant comme la pluie...
(de toute façon, j'avais trouvé le précédent film du réalisateur (Torrremolinos 73) bien pourri, donc je crois que je vais passer mon tour)

Nan, c'est super.
Bon, après, tu me mets du noir et blanc, muet, 1.33, et ça me rappelle mes jeunes années quand j'allais au salon Indien du Grand Café...
C'est comme pour le Jazz.
Je suis d'un prévisible (pour ne pas dire d'un vieux).
Mais pas chiant une seconde, le film.

Ouch, ça m'a l'air d'un chiant...

Ah sinon, j'ai revu le Tarantino. Durant ce deuxième visionnage de DJANGO UNCHAINED, hormis le fait de constater (ou plutôt de confirmer que) à quel point le film est d'une fluidité rare (en cela, il est moins inégal que la majorité de films de son auteur, aussi magistraux soient-ils, par cette narration juste parfaite), deux séquences m'ont été particulièrement fascinantes, riches, et éloquentes...

Les deux se rejoignent: la première, c'est celle où le cher Docteur raconte à Django ce fameux conte allemand... au coin du feu. L'autre, intiment liée (car la consécration de tout cela, la dernière marche), c'est celle où Django raconte à deux rednecks (dont Tarantino himself) sa fabuleuse histoire, aussi incroyable que véridique. Ces deux récits pourraient se calquer (même Django s'identifie textuellement au mythique héros germanique), mais ce qui frappe le plus, c'est le symbolisme assez jouissif de la chose.

Ainsi, après t'avoir balancé dans la tronche (depuis ses débuts en tant que cinéaste) deux mille références, clins d'oeil plus ou moins explicites, deux mille flash-backs cinéphiles, amoureux, toute une culture vaste et personnelle allant du pulp au western en passant par la nazisploitation, Tarantino conclut enfin sa propre histoire en retournant à l'essence même de tout: le CONTE populaire, l'origine même de la fiction (ce qui s'insinue dans le réel et le contamine, c'est à dire dans l'Histoire), avant le cinéma bis, avant la littérature noire, ce bon vieux conte au coin du feu, improbable mais ô combien métaphorique...en prenant un malin plaisir, comme d'habitude, à mélanger toutes les influences possibles. Mais là, tout concorde bien, sans quoi le héros ne serait qu'un vulgaire clin d'oeil: tous ces fantasmes se concrétisent, et le Django de Django Unchained devient un vrai fantasme à lui tout seul. Du coup, ce n'est pas seulement une petite rigolade post-moderne...

Ah, sinon, le film est incroyablement fun.

Le dernier O'Russel, un bon petit film. 1941 de Spielberg, une tuerie.

Quelqu'un peut me dire ce que vaut Affliction de Schrader ?

J'ai une motocyclette à vendre. Presque neuve. Rouge, des flammes sur le guidon, une femme nue peinte sur l'ensemble de l'appareil, de la coke dans le porte-bagages. Me contacter par MP.

milbart a écrit:

Contrairement à popescu, je ne perds pas mon temps avec des futilités, du genre m'excuser d'être un gros déviant accro aux pires blockbusters de ces trois dernières décennies (et caser deux trois mots toutes les semaines sur Wilder et Fuller pour pas sembler louche). Heyyy non.
J'ai donc vu LE TERRITOIRE DES LOUPS, film détesté par le fan de Tony Scott du forum (Cédric Janet) et, donc, absolument admirable.
Imaginez un film ultra-spectaculaire autant qu'intimiste et contemplatif quand il le faut.
Imaginez un film noir et désenchanté autant qu'humaniste.
Imaginez une mise en scène pas dénuée de défauts mais qui sait, le temps d'un plan, propager l'essence même du médium cinéma et son langage intrinsèque.

The Grey, c'est ça.
Peut être le meilleur film de 2012.

J'ai rattrapé ça et sans être le film de l'année dernière, c'est sans doute le meilleur film de Carnahan. Une certaine pureté dans la réalisation, une ingéniosité et une bonne imagination visuelle dans la mise-en-scène des loups en font un film assez hanté, avec un propos existentiel qui déplace pas des montagnes mais qui est assez bien branlé (pour une fois qu'un film américain montre l'athéisme comme une voie métaphysique possible). Reste que l'attachement aux personnages est plutôt mal géré mais sinon c'est une bonne surprise.

Hier soir j'ai vu ZERO DARK THIRTY; je ne sais pas quoi en penser. La réalisatrice ne joue pas à Ridley Scott, tout est simple et sans artifices. C'est déjà ça de gagné.
C'est avant tout l'histoire de cette femme qui se retrouve seul à chercher Ben Laden après que l'Amérique ait dépensé des milliards dans la traque.
Pendant 2h30, on la voit attendre que ses acolytes fassent le taf. Il est là et paf, emballé c'est pesé et vite oublié.
A voir, si ça vous botte. Les séquences de torture sont tout à fait discutables. Elles n'apportent rien.

SKYFALL: à coté de Quantum of Solace, Skyfall apparait comme un chef d’œuvre. J'ai passé un bon moment, sans ennui, mais sans enjeux l'attention reste poli. Jamais vu des James Bond Girls aussi fadasses (tant mieux dans un sens).

LOOPER: apprécié cette fantaisie qui ne se la joue pas et qui reste efficace de bout en bout. Du chouette cinoche de divertissement.

Malade, j'ai loupé le Bigelow que je rêvais de voir. Heureusement, j'ai pu enrichir ma vision plurielle de l'Art, mon amour du Cinéma, ma culture générale, m'altérer d'une boisson revigorante qu'on appelle le cri de l'artiste, en découvrant, un peu encouragé par quelques menus déviants, le film préféré de Serge Daney, ce qui est très fort puisqu'il n'a pas pu le voir (encore une fois, les mystères de la critique). Un film qui questionne les limites de l'expression visuelle, qui remet en cause la distanciation chimérique soi-disant permise par le flux abrupt des images et l'interlocteur/spectateur désarmé face à la morale des travellings. Un film qui, en soi, n'a de transcendant que sa forme paradoxale de régression, son salut politique, ses mouvements anarchiques, sa structure complexe misant tout sur l'efficacité d'Hollywood, ce monstre à mille têtes puisant dans le sang de ses ouvriers pour mieux se nourrir et se réincarner.

Ce film, c'est un monument de poésie, un symbole de pluralité culturelle, un melting pot imbibé de pop culture, qui, tout en questionnant les mythes qu'il exploite, parvient non sans dommages à cristalliser les doutes de toute une génération en un bouquet final d'allégories placées sous le signe de l'humour surréaliste. Court et efficace, ce film vous laissera l'impression d'avoir voyagé à l'intérieur de plusieurs mondes, de la grivoiserie à la grivoiserie, pour finalement aboutir à un moralisme touchant défendant les freaks chers à Browning.

Oui, je le dis, DEUCE BIGALOW, avec Rob Schneider, est un grand film, et il restera, foi de Serge Toubiana.

Rob Schneider bientôt dans COPAINS POUR TOUJOURS 2!!

Hier soir vu LE PRENOM: du théâtre filmé plan plan, mais quelques saillies drolatiques pas piquées des hannetons. Les acteurs maîtrisent la partition. CHarles Berling est à crever de rire. J'ai honte mais j'ai ri; ça reste très très bas de plafond! Quand même. Faut pas exagérer.

Dites donc, hier j'ai regardé Jeux Interdits sur la tnt... Eh oui, je ne l'avais jamais vu et Brigitte Fossey pour moi c'était surtout le Chateau des Oliviers (et ça c'est moche)... Je m'attendais au classique qualité France bien empesé, bien dégoulinant, lénifiant et tout... Quelle ne fut pas ma surprise de me trouver devant un petit film très satirique (un ton que j'attribuerais au scénar signé Aurenche et Bost), égratignant franchement les traditions de la France éternelle et faisant un pied de nez au monde des adultes (tous des cons) pour célébrer avec mélancolie la liberté fugace de l'enfance... un film pas si éloigné que ça de Moonrise Kingdom, finalement...
Bref, je vous le conseille, mais tout le monde l'a déjà vu (sauf Milbart bien sûr).

Je conseille à tout le monde un bon petit film, aisément vecteur de visionnages répétitifs à l'envi tant il pousse le spectateur à user de ses neurones. C'est une interprétation plus réaliste tu meurs d'un fascinant concept de SF, c'est peut être un peu hermétique mais tout ce qu'il a de plus captivant (un peu comme la scène de création amadeus-ienne de The Social Network: c'est rythmé, on pige rien, mais on prévoit la mise en forme d'un gros, gros truc), le mec à la barre a participé au Looper de Rian Johnson (certainement pour tout ce qui est mise en forme des idées, à base de boucles temporelles et tout le bazar), et se coltine les tafs d'acteur, réalisateur, compositeur, monteur, directeur photo, producteur. C'est même lui qui balayait le plateau en fin de journée, et payait les bières Blonde de Luxe.

Ce gars, c'est Shane Carruth, et, bel hasard, son deuxième film sort cette année. Et son premier film, celui dont je cause, est une petite prod indé bien bien atypique et casse-tête, qui répond au doux nom de PRIMER.

99 % du public n'a rien compris. J'avoue avoir lu les analyses éclairées d'internautes et n'avoir rien bippé de plus. Le metteur en scène seulement semble avoir tout emmagasiné.

'Me suis fait chier devant Primer. ça met beaucoup de temps à démarrer et au final à part une petite pirouette sur le voyage dans le temps emballé de pseudo-jargon scientifique pour faire son malin, j'ai pas trouvé ça extrôrdinaire (et le fait que j'avais envie de tarter les acteurs n'a rien arrangé).
(pour le rôle de Shane Carruth sur Looper, je crois que Rian Johnson lui a juste fait lire le scénar pour avoir son avis sur les modalités du voyage dans le temps)

Moi, ne rien capter m'a captivé. Je compte le revoir aujourd'hui entre amis, et peut être que l'effet sera retord. Mais la mise en scène est bien foutue et fait sens (un mouvement de caméra suffit à te faire deviner la tournure zarb que prennent les choses) , la musique contribue à l'effet hypnotique du tout, les acteurs, amateurs, sont bons...et le sujet reste passionnant, cette histoire de voyages bien zig zagants dans le temps...

Au fait, si on revient dans le passé, cinq minutes plus tôt, et si notre double nous bute, est-ce que ce dernier (venant donc du passé) crèvera dans les cinq minutes à venir ?

C'est pour une expérience à la fac.