Bouquins...

Avis aux amateurs : Wes Anderson a droit à son premier gros bouquin d'exégèse : http://www.abramsbooks.com/wesandersoncollection/

Tiens, comme y a le PT Anderson adapté de Pynchon qui sort aujourd'hui, j'en profite pour causer de ma découverte de Pynchon...
Pour noël on m'avait offert son dernier roman, "Fonds Perdus" :

A vrai dire j'y allais un peu à reculons... Je sais pas pourquoi mais j'avais l'image du grand écrivain américain cynique qui fait des gros bouquins documentés chiants avec plein de pages.
Une espèce de mélange entre Bret Easton Ellis et Léon Tolstoï.
Que nenni, les petits amis !
Un détail essentiel aurait dû me mettre la puce à l'oreille :

Un auteur acceptant de venir faire le couillon dans les Simpson en se moquant de sa propre image ne peut pas être antipathique.
Et à dire vrai il y a effectivement quelque chose de simpsonien dans l'écriture de Pynchon. Ce que j'appellerai la caricature bienveillante. Mettre en scène des archétypes pour certes se payer leur fiole mais aussi les considérer avec un grand amour et un humanisme extrêmement touchant. Bien loin de l'espèce de style froid et tranchant de certains écrivains américains contemporains.
En fait, Pynchon part d'une intrigue plus ou moins polardeuse (Maxime, inspectrice anti-fraude défroquée à new york, s'enfonce petit à petit dans un mic-mac politico-financier mettant en jeu diverses sociétés et personnages ayant un lien avec l'internet naissant du début des années 2000) mais ne s'y intéresse pas plus que ça, bifurquant au gré des rencontres sur divers flashbacks ou anecdotes ou scène rigolote... La bienveillance du regard de l'auteur s'accompagne d'une grande liberté narrative, qui ne juge pas, n'attribue pas d'emblée à telle péripétie l'importance qu'on pourrait lui donner a priori, et joue des ruptures de tons pour sans cesse surprendre son lecteur...
Le plus fort là-dedans (et là ça va spoiler un peu, quoique pas beaucoup, regardez la couv) c'est que moi on me la fait pas et bon, 2001, new york, je voyais le 11 septembre arriver gros comme une maison et donc forcément l'évidence était que le bouquin commence bienveillant pour finir dans l'horreur glaçante. Que nenni derechef ! Et c'est là que Pynchon m'est devenu irrémédiablement sympathique : les attentats du 11 septembre sont intégrés à l'histoire mais ne sont pas une fin en soi... Ils sont certes montrés comme un traumatisme mais pas un traumatisme dont on ne se relève pas ou qui voudrait dire "fini de rire". La tendresse demeure, le rire aussi et finalement le bouquin aborde le 11 septembre par un versant très humain et apaisé. Et finalement ce qu'on pensait être un regard décalé sur l'existence s'avère une philosophie de vie noble et profonde.
Bref tout ça est très confus mais vous aurez compris que Pynchon est un gars bien, ce qui est déjà une qualité appréciable ("intelligence et sincérité sont les deux mamelles d'une œuvre d'art réussi" comme j'aime à le répéter -je précise que cette maxime n'est pas libre de droits).

Rien lu du mr.
En revanche, vu le film.
L'interminable film.

Mieux vaut un film interminable qu'un film minable.

(huf huf huf)

(cette maxime non plus n'est pas libre de droits)

Je jure sur l'honneur que je ne la réutiliserai pas, que ce soit dans un but commercial ou dans un contexte privé.

Ceci dit, l'avantage d'un film minable, c'est que j'aurai pu arrêter de regarder après 5 mn.
Là, tu te sens un peu obligé d'aller jusqu'au bout.
Et c'est long.

C'est ça de voir des films en téléchargement illégal tel un vil sagouin : t'as toujours la tentation d'éteindre et te barrer.
Au cinoche, c'est plus compliqué.

Ah mais je l'ai vu à la maison en vil sagouin aussi celui-là.

ah mais j'avais bien compris.
(que tu te sentes obligé d'aller jusqu'au bout veut bien dire que t'avais le choix)

C'est ça.
Ceci dit, ça ne me dérange pas non plus de bousculer tout le monde pour me barrer d'une salle.
Parfois même en criant au scandale.

Je viens de terminer un roman de Patrick de Witt LES FRERES SISTERS, qui sera le prochain film de Jacques Audiard.
Un roman westernien. L'histoire de deux frangins chargés de tuer un chercheur d'or pour le compte d'un homme d'affaire "Le Commodore". En chemin, il rencontre toute une galerie de personnages, et pourraientt bien changer d'avis.

C'est une histoire toute simple et la lecture est jubilatoire. C'était le projet rêvé pour les frères COEN. John C.Reilly a acquis les droits et incarnera Eli Sisters.
Je suis vraiment curieux de voir l'immersion de Jacques Audiard dans ce road movie américain au temps des chercheurs d'or.
Le roman est le prétexte pour une succession de portraits; ça ne va pas chercher plus loin mais c'est assez bien fait pour adhérer ou susciter la curiosité.

Et sinon est-ce qu'il y a un gars violent à demi-muet qui séduit une faible femme qui n'était pas attirée par lui au départ ? (pour qu'on sache si Audiard pourra respecter ses fondamentaux)

Bruttenholm a écrit:

Et sinon est-ce qu'il y a un gars violent à demi-muet qui séduit une faible femme qui n'était pas attirée par lui au départ ? (pour qu'on sache si Audiard pourra respecter ses fondamentaux)

Oui!! Le personnage principale est plutôt un taiseux qui rencontre à mi-parcours une faible femme ...

Je viens de recevoir à l'instant le GILLIAMESQUE de tonton Terry.
Pas encore lu mais la bête est superbe. Beau et grand format, cartonné.
Content, je suis

J'avoue ne pas me l'être payé encore, le Gilliamesque.
Faut pas que je tarde trop quand même.
Sinon, je suis en train de dévorer "Faire un film" par Sidney Lumet. Ce n'est pas une autobio, c'est, point par point, sa méthode de travail.
Et c'est passionnant.

Bougez pas les gars, j'ai lu les 2.
Le Gilliamesque : pas mal mais bon c'est le jeu, beaucoup de redites avec d'autres bouquins sur Gilliam, même si on glane quelques nouvelles anecdotes ici ou là. En fait j'en garde un souvenir un peu déçu.
Le Sidney Lumet : très bon effectivement, même si beaucoup d'aspects spécifiques sur la technique ont pas mal vieilli. Mais si j'étais apprenti réalisateur, je me jetterais dessus, le gars ne se cache jamais derrière une mystique de l'inspiration et arrive à expliquer tous ses choix de manière intelligente et limpide.