Topic du "j'ai vu, j'ai aimé, je te le conseille !&quot

Bruttenholm a écrit:

milbart a écrit:

HEAT, de Mann, agréablement revu hier, soit un impérial film de genre très méditatif, contemplatif, mélancolique, quasi-naturaliste, au final westernien atmosphérique (et quel montage dans cette scène par exemple ! Une leçon de cinéma), tout cela allié à un sens du rythme indéniable, à un art du tempo inégalable, bref, du cinéma américain comme il fait bon en voir.
Grosse facepalm par contre, devant la présentation (courte, heureusement) du film: aucun commentaire sur la mise en scène de Mann (ce film, ce n'est que DeNiro/Pacino) et des incongruités absolues du genre "Mann s'inspire de Tarantino et de ses films de gangsters ultra-violents" (il s'inspire pas de Shawn Levy plutôt ?)..."car, comme lui, il filme une fusillade en pleine rue. Rappelons que Tarantino fut le premier à imaginer ce genre de scène avec son Reservoir Dogs".

On peut revoir (jusqu'à jeudi prochain) la présentation de Taddéi ici : http://programmes.france3.fr/la-grande-soiree-cinema/index.php?page=article&numsite=8378&id_rubrique=8480&id_article=29690
(c'est vrai que c'est un peu n'importe quoi, Michael Mann qui imite Tarantino "pour pas passer pour une chochotte" )

Autant je suis assez d'accord avec la formule "la violence au cinéma est contagieuse", autant le "Tarantino, inventeur de la fusillade en pleine rue" est vraiment le sommet du portnawak ! Quant à son "Mann a peur d'être une chochotte s'il ne suit pas la mode", c'est juste hilarant. J'ai beaucoup ri. Je me demande si la discussion après le film avait le même niveau. En tout cas, merci pour ce moment surréaliste.

Marrant que ça fasse autant blablater le gens ce genre d'inepties. Mais sur le moment, c'est vrai que ça craint grave comme dirait popescu. surtout quand on assiste au spectacle en live, totalement impuissant et affligé, et qu'on se demande, le lendemain, si ce n'était pas qu'un délire de passage.

Perdita Durango: d'après (et co-scénarisé par !) le Barry Gifford de Sailor et Lula, un film énervé mis en scène avec fureur par un jeune Alex De La Iglesia, trop content d'inverser les rôles, en faisant d'un couple de fous mexicains les héros, et d'un couple d'américains très "Ken Et Barbie" les morceaux de viande à charcuter. Une violence parfois gênante mais toujours montrée sous le prisme du film délirant et ironique, assez cinglé, amené par un rythme tonitruant et une mise en scène tout aussi spectaculaire. C'est un film "sinistre et spectaculaire" selon les dires du monsieur. En fait, la citation provient d'une critique négative du film, mais elle correspond parfaitement à l'oeuvre !

800 Balles: un objet de cinéphile complétement sincère, criant nostalgiquement au "bon vieux temps" par moult références cinéphages allant de Leone aux actrices mythiques américaines. Au-delà des persos bien croqués (le gosse qui pelote joyeusement une prostituée en tenue d'Eve) et de l'irrévérence foutraque de la chose, il en reste de beaux passages ironiques, parodiques, plein de dérision (les duels) mais jamais cyniques pour autant. Rigolo, bien rythmé et respectueux.

La Chispa de Vida: un hommage à Wilder et à son Gouffre des Chimères (mais ici, De La Iglesia nous colle aux basques du mec paralysé et non du journaleux manipulateur), mis sous forme de spectacle théâtral (chaque personnage, dans ce huit-clos, intervient tour à tour et aide à la rythmique du film) pour mieux illustrer d'une manière tonique le cirque médiatique (objet à de nombreux bons gags). Mais bon, le film parle aussi de la crise économique, de la déprime morale ambiante, et il le fait moins bien, certes pas aidé par un scénario signé...par le mec qui a pondu Tango et Cash et Le Flic de San Francisco. ( A noter, la surprenante interprétation de Salma Hayek, qui joue...sans décolleté ! ( )

milbart a écrit:

[size=12]Enfin vu Les Infidèles.

Enfin !!

Vu Les Diaboliques, un bon petit moment de suspens, de tension(s) et retournements de situations délicieux, pensé jusque dans sa symbolique esthétique (au niveau des costumes), de l'ouvrage vraiment bien efficace.

Sinon, revu Les Clefs de Bagnole et c'est toujours autant un super film d'art et d'essai. Me demande ce que Clouzot en aurait pensé.

Une putain de surprise de petit produit fantastique: découvert durant une soirée bières/cookies entre amis de bon goût, la suite d'un nanar atroce et surestimé à bloc...Amityville 2: Le Possédé. Tout sauf tenté au début, et pourtant...honnête et super-efficace suite qui transcende son modèle originel, ce film de genre mêle le spectaculaire exubérant d'un De Laurentiis producteur, la folie de mise en scène (lors de quelques séquences) d'un Sam Raimi, une illustration diabolique à la manière de L'Exorciste, et ce par des FX encore étonnants, bref, voilà une radicale manière d'assumer pleinement son concept glauque par une direction artistique des plus pros et des acteurs tout aussi bons, le tout baigné d'une atmosphère de décadence religieuse qui n'est pas sans déplaire.
Bref, j'ai envie de dire: y'a bon. Sinon, je sais qu'il y en a qui aiment bien ici (du moins le crois-je), alors j'ai enfin vu le troisième Halloween, rigolote satire jouant sur la publicité excessive et l'origine même de la fête, parenthèse judicieuse dans une saga pour le moins morne...avec un dénouement carpenterien en diable !

Pas vu Amityville 2, mais tu donnerais presque envie (presque : niveau "maison hantée", j'ai trop donné). Et c'est faire trop d'honneur à l'original de le traiter comme "nanar". C'est plutôt un navet tout pourri. La seule horreur dans le film, c'est d'avoir gâché deux heures de sa vie à le regarder.

Absolument. Là, je veux pas trop te donner envie (ce qui m'a tué, c'est la surprise, vois-tu), mais la suite est un super exemple de savoir-faire technique, de douce subversion propre au genre même, d'intelligence formelle, de ce que peut -doit, en fait !- être un produit horrifique total...j'imagine très mal le même film de nos jours, en soit c'est vachement impressionnant quand même, c'est un mixe des bonnes qualités horrifiques de l'époque, de Friedklin à Sam Raimi !

Oslo 31 Août: ça c'est du cinéma intelligent, pudique, sans cliché, sans pathos, sans artifice...un vrai concentré d'humanité qui ne lâche pas son spectateur durant une heure trente. Mais attention, hein: niveau mise en scène, comme dirait le chanteur, "c'est extra".Une réalisation assez géniale, où les plans rapprochés laissent la place à de beaux plans séquences où à de belles scènes plus contemplatives (la superbe scène du bar, où chaque vie est chopée par le biais d'un simple regard étranger...). Faut avouer que niveau film indépendant, ca te fait oublier Bellflower et ses prétentions (film pourtant bien intéressant) au profit d'une approche plus subtile, élégante et fine de l'être humain. C'est triste, et beau.

Cats: décevant film de chats tueurs, les chats en question sont des minous très très mignons, c'est vraiment de l'arnaque.

Sinon, j'ai vu Cloclo. Pour ceux que ca intéresse, j'ai tout dit (c.a.d: ce que j'en pense) sur le film, ici-bas: http://cineklectic.wordpress.com/2012/03/29/cloclo-une-dizaine-de-tubes-pour-une-certaine-idee-du-cinema/

Oslo machin il me tentait bien... M'étonnerait qu'il soit encore en salles par chez moi.

Sa distribution dans les salles est une insulte à l'espèce humaine !
Je suis certain que ca va te plaire, ca respecte l'intelligence du public, c'est de l'émotion à fleur de pellicule, tu vas voir, c'est bien comme film, c'est rare.

'me rattraperait sur le dvd...

Bon, mais Cloclo....?

Je le rattraperai sur tf1...

Bruttenholm a écrit:

Je le rattraperai sur tf1...

C'est dommage parce que le travail sur le son est excellent, pas vu un tel taf depuis Drive ou Enter The Void: c'est le meilleur de la musicalité qui en ressort.

Mais bon, quand bien même c'est le principe du cinéma comme de tout art, je vais pas me tuer à aider les gens à combattre leurs préjugés, je vais m'en tenir à mon propre plaisir en tant que spectateur. (j'ai revu le Siri, et à la deuxième vision, ca semble bien plus fluide, encore plus fluide, comme du Scorsese des années 90 ou du Milos Forman..ce que j'en dis).

Comme d'habitudeuh...milbart défend les causes perdues...oui, comme d'habitudeuh...

Tu soutiens CLOCLO, mais t'es vraiment un rebelle. Arrête, tu fiches les jetons!

J'avoue ! Dans un futur régressif, défendre les bons films est un acte punit par la loi. True Story.

Je me suis offert RAIPONCE en Blu-ray, qu'est-ce que c'est chouette! Un vrai rempart contre la grisaille.

Radiostars. Par l'auteur de Cyprien (scénario défiguré parait il...popescu, tu le connais, Romain Levy ?) faut avouer que ça tient du miracle. C'est sympatoche au sens large du
terme: c'est un film stand-up bien influencé par la rythmique d'Apatow, ça vanne sans cesse et ca s'arrête jamais à une mauvaise blague, vu que ca poursuit toujours son petit bout de chemin de vannasses radiophoniques. Du coup, y'a du bon, du moins bon,
Manu Payet est nickel à ma grande surprise (son premier bon rôle je trouve), y'a de l'humour trop facile et de l'humour qui passe bien, Ca me semble bien personnel comme film, à moins que ce ne soit qu'un simple décalque frenchie d'Apatow, mais je pense que Payet y a mis du vécu.

milbart a écrit:

Manu Payet est nickel à ma grande surprise (son premier bon rôle je trouve), y'a de l'humour trop facile et de l'humour qui passe bien, Ca me semble bien personnel comme film, à moins que ce ne soit qu'un simple décalque frenchie d'Apatow, mais je pense que Payet y a mis du vécu.

Apparemment, c'est surtout Romain Lévy qui y a mis du vécu, puisqu'il écrivait les vannes de Payet à la radio...
Bon, sinon, j'ai toujours pas vu le film mais on m'en a dit beaucoup de bien.

milbart a écrit:

Radiostars. Par l'auteur de Cyprien (scénario défiguré parait il...popescu, tu le connais, Romain Levy ?)

Non. Je bossais au même moment que lui chez Serenety, mais comme j'y mettais rarement les pieds, on ne sait jamais croisé. Je sais juste que Arthur était très content du scénario de Cyprien (contrairement au notre).
ça a l'air drôle effectivement, Radiostars.

Bruttenholm a écrit:

milbart a écrit:

Manu Payet est nickel à ma grande surprise (son premier bon rôle je trouve), y'a de l'humour trop facile et de l'humour qui passe bien, Ca me semble bien personnel comme film, à moins que ce ne soit qu'un simple décalque frenchie d'Apatow, mais je pense que Payet y a mis du vécu.

Apparemment, c'est surtout Romain Lévy qui y a mis du vécu, puisqu'il écrivait les vannes de Payet à la radio...

Aaaah, merci pour l'info mon petit Brutt ! Pour le coup c'est très sincère comme film (bon, au-delà de l'intime et du vécu, c'est hyper-respectable: c'est trop "maigre", sans être méchant, pour faire figure de code d'honneur, mais c'est une bonne idée de tenter, en France, un cinoche à la Apatow justement, un cinoche de stand-up, qui est une culture bien moins populaire chez nous j'ai l'impression).

L'envie pour Cyprien c'était j'imagine de faire une sorte de 40 Year Old Virgin de chez nous, après, j'ai entendu Lévy en causer dans Première: le résultat était pas celui espéré...excuse facile pour pardonner une bouzasse ? Allez savoir...

En tout cas, il manquait Desagnat au film, histoire que, pour une fois, on lui file un bon rôle. Payet en a ENFIN eu un bon, alors, j'ai envie de dire, y'a pas de raison !

Dans la série "C'est bien joli de se dire cinéphile, mais après faut assumer", je me suis envoyé le Napoléon d'Abel Gance, version Brownlow (le montage basé sur les notes et les entretiens avec le réal, n'acceptez pas de substitut), soit 5h20 de petit corse ambitieux, de son enfance à la campagne d'Italie. 5h20 qui passent toutes seules tant la narration est efficace (ceux qui ont déjà vu un des "bons" films de Gance connaissent son talent de conteur), et s'il arrive qu'on se perde parfois (ellipse pas toujours compréhensibles - volontaire ou métrage perdu ?), même si certaines scènes nous paraissent parfois anecdotiques, l'auteur trouve toujours moyen de nous rattraper par le col pour nous replonger dans son récit (humour, sentiments, c'est loin d'être avare en émotion). Evidemment, le film est tout à la gloire du petit homme, et si Gance écorne parfois l'image mythique du futur empereur (beaucoup d'autoritarisme, un brin de mégalomanie), il contrebalance toujours avec une exaltation patriotique qui finit par effacer le peu de griefs suscités. Dans le même esprit (avec un petit plus émotionnel), il réussit le grand écart entre son admiration pour le génie militaire de Napoléon, et sa position farouchement anti-guerre. Deux notions antinomiques qui cohabitent pourtant d'une façon étonnamment naturelle.
S'ajoutent à cela ses fameuses expérimentations visuelles.
Pour le coup, il faut bien avouer que certaines sont datées et prêtent à sourire. Mais d'autres, en revanche, sont bluffantes de modernité: mouvements de caméra délirants, pas mal de plans caméra à l'épaule, polyvision, “montage rapide“ (qu'il n'a pas inventé, mais dont il fut le premier à réellement explorer l'utilisation, bien avant qu'Eisenstein ne théorise dessus ("J'accuse" en 18)), etc.
Au delà des jalons techniques posés (fabrication du Brachyscope, un objectif d'une focale de 14 mm, plus de 20 ans avant son invention officielle, le fameux triptyque - Dont Henri Chrétien dira qu'il a été le déclencheur de son envie d'utiliser son invention pour le cinéma - Sans parler de la séquence couleur et 3D - Perdue à jamais - ni de sa découverte, plus tard - pour la version sonore du film- de ce qu'il appelait "la perspective sonore", soit la stéréo) on comprend aisément pourquoi Gance est considéré comme l'un des pères du langage cinématographique, au même titre qu'un Griffith: pas un effet qui ne soit au service du récit, Gance fait passer toutes ses idées, messages, via son truchement d'images complexe, mais si simple à la réception.
Un regret cependant, ne pas avoir vu une copie avec le triptyque. Il va falloir donc me dégoter la version de Coppola (de "seulement" 4 heures) pour découvrir ce moment de cinéma qui a tant fasciné (et effrayé: la MGM avait acheté le film à prix d'or pour le mettre dans un placard, craignant une révolution cinématographique. Il faut dire qu'à l'époque, ils dépensaient déjà des fortunes pour passer au parlant).

J'avais enregistré le film quand il est passé sur france 2 y a quelques temps (dans un montage assez court, je crois). J'avais regardé 15 minutes, je trouvais que les acteurs jouaient comme des cochons alors je l'ai effacé. Cinéphile power !
Sinon j'ai vu Amarcord et c'était bien, photo magnifique, réalisation aérienne tout ça...
Là je me remets à Ozu.