Topic du "j'ai vu, j'ai aimé, je te le conseille !&quot

Et vu aussi mon premier Grigori Tchoukhraï, "Le 41e".
Sur le papier, film de propagande / Guerre / Mélo, au final une splendeur pour les yeux. De la composition du cadre aux mouvements d'appareils, c'est d'une beauté assez époustouflante.
Là encore, je suis prêt à remanger de la soupe idéologique juste pour flatter ma rétine.
Ils étaient bons pour ça, les fachos.

On sent le cinéphile revenu de tout qui gratte les tréfonds du web pour chercher sa dose...
(tu m'aurais dit "le 42e" de Miroslaw Jigounov, c'était la même)
(en tout cas ça m'a permis de voir que des Zeman étaient ressortis en dvd, a priori restaurés, je le note)
(j'en n'ai jamais vu un)

On y découvre des belles choses.
En fan de Gilliam, je doute que Zeman te déplaise.
Parce qu'il a quand même bien pompé le salopiot.

Selon Gilliam, le lien entre son Munchausen et l'autre serait fortuit : http://books.google.fr/books?id=8eDE0hce0kEC&pg=PA132&lpg=PA132&dq=terry+gilliam+interview+zeman&source=bl&ots=2VUPBqa0qT&sig=ONd_S8hjJyLlKE_qpC31FdH_Z0o&hl=fr&sa=X&ei=QGelU6GqEKbG0QWm_4CoAQ&ved=0CG0Q6AEwCQ#v=onepage&q=karel&f=false
(a priori une convergence stylistique due à l'influence commune des illus' de Doré)
(je veux bien lui accorder le bénéfice du doute)
(mais c'est vrai que quand on voit ça, on peut se poser des questions

Hum.

A 1'27 petite animation en découpage dans le plus pur style de tonton Terry (il y en a d'autres dans le film)
Et y a plein de petites choses qui renvoient au film de Gilliam.
Je pensai que c'était en hommage, naïf que je suis.

ouais mais faut savoir s'il y a plein de choses qui renvoient au film de Gilliam ET qui ne sont pas dans le bouquin...
(après, les anim en papier découpé dans les années 60, y a qu'à se baisser, donc c'est pas forcément un critère discriminant)
Y a aussi des trucs dans le Münchhausen made in Goebbels qui pourraient faire tiquer :


http://cinemosaic.blogspot.fr/2011/01/munchhausen-1943.html

Ah mais je ne le blâme pas non plus. D'une, tout le monde pique à tout le monde, et le but, c'est de le faire intelligemment (mieux, donc).
Par exemple, dans le Zeman, le sultan a tout un système de poulies, roues dentées, etc. qui actionne des lances et des piques et empêche quiconque de l'approcher. Chez Gilliam, ça devient un instrument de musique. C'est mieux, donc.

Vu 2 films vintage, pas des chefs-d'oeuvre mais quand même bons :
Cutter's Way (ou Cutter & Bone mais il ressort sous le titre Cutter's Way).
Alex Cutter (John Heard) est revenu du Vietnam brisé et estropié (manchot, borgne, unijambiste, on fait pas les choses à moitié). Il est maintenu plus ou moins à flot par son ami Richard Bone (Jeff Bridges). Entre les deux, la femme du premier (jouée par Lisa Eichhorn) attend que le temps efface les traumatismes du passé tout en s'abîmant dans la dépression. Bref, un tableau déjà réjouissant. Là-dessus advient un meurtre dont Bone est le témoin indirect. Alors que le personnage de Bridges aimerait ne pas trop s'en mêler, Cutter veut y aller à fond, faire chanter les puissants coupables, se venger de l'Amérique bourgeoise bon teint et faire enfin advenir la justice.
Empruntant certains codes du film noir, Cutter's Way est surtout une chronique sociale et une critique de l'Amérique, un miroir déformant de ses sombres pulsions morbides et une ode à ses laissés-pour-compte. Par là le film s'inscrit dans une certaine tradition contestataire des années 70-80 et on n'est pas surpris de voir que le réalisateur (Ivan Passer) vient de Tchécoslovaquie, qu'il est donc sensible au poids de l'Histoire et peut par ailleurs porter un regard plus extérieur et cruel sur l'Amérique. Après, il faut accepter le côté complètement excessif du personnage de Cutter, estropié et alcoolique et prompt aux grandes déclarations désabusées. Une sorte de romantique déchu qui est à la fois tout le socle émotionnel du film mais aussi sa limite puisque cet excès peut virer à la performance et au surlignage. Ceci dit, le film arrive à tenir en équilibre entre le romantisme noir échevelé et la caricature complète et sort certaines scènes assez incroyables (dont celles du dénouement complètement grandiloquent et pourtant absolument pas manichéen ou grotesque). La photo en clair-obscur de Jordan Cronenwerth y est aussi pour beaucoup.

Rosencrantz et Guildenstern sont morts, le seul film réalisé par Tom Stoppard, d'après sa pièce.
Regard en biais sur Hamlet, le film suit les deux fameux sous-fifres tandis qu'ils vivent leur vie dans les creux de la pièce, croisant au petit bonheur la chance les évènements de la pièce de Shakespeare.
L'idée est assez rigolote, d'autant qu'elle se double d'une mise en abyme certaine avec le développement des personnages des comédiens de la pièce que Hamlet fait donner pour confondre son oncle, mais je ne suis pas sûr qu'elle aboutisse à autre chose qu'un jeu astucieux autour d'un classique. Les Guildenstern et Rosencrantz de Stoppard appartiennent à une tradition qui relève plus d'un Théâtre de l'absurde, leurs scènes sont des suites de dialogues centrés sur des jeux de langage, des discours amusés sur l'existence ou des réflexions décalées sur le monde qui les entoure. Passer de ce registre à celui de la tragédie shakespearienne (dont on retrouve certaines des scènes les plus fameuses) est un tour de force réalisé assez brillamment mais je n'ai pas eu l'impression que ça renforçait l'un ou l'autre. Tout ça me semble un peu trop théorique (et marchait peut-être mieux au théâtre), même si quand même très plaisant à regarder, grâce à des comédiens qui s'amusent comme des petits fous (les jeunes Tim Roth et Gary Oldman dans les rôles-titres, ainsi que Richard Dreyfuss, étonnant dans le rôle du meneur de la troup des comédiens).

Vu Les chèvres du pentagone l'autre jour sur france 3. Ou bien j'avais la tête dans une poubelle à l'époque ou bien la promo était foireuse (une de ces deux hypothèses est plus probable que l'autre) mais j'étais resté sur l'impression "comédie loufoque où Clooney et Bridges font les cons" et c'est quand même plus intéressant que ça (même si c'est toujours bien de voir Clooney et Bridges qui font les cons)... Le film aborde son sujet avec une vraie candeur et un respect qui donne au final un film plus politique que ce à quoi je m'attendais. Il y a un regard désenchanté sur l'Amérique d'autant plus désarmant qu'il est livré avec une grande absence de cynisme.

P.S : Dans le rôle du candide séduit par un cinglé et qui finit transfiguré, Ewan McGregor est très bon et ça m'étonnerait pas que ce soit ce rôle qui ait incité Gilliam à le choisir pour Quichotte à l'époque.

J'ai un très bon souvenir de ce film avec la nette impression de n'avoir jamais vu ça autre part.
Aussi il m'avait semblé que le film traitait son sujet avec humour sans jamais se départir des enjeux, sérieux et graves.

J'ai jamais été trop fan des prods de George Clooney et son pote Grant Heslov... Là c'est peut-être l'exception qui confirme la règle.

Malgré quelques longueurs et quelques poncifs marvelesques relous, le dernier James Gunn (dont je conseille tous les films au passage) est un space-opera (ce qui est déjà pas mal) très sympathique, dont le rythme est bercé par les mélodies pop les plus groovy et au ton sentant bon la dérision du morveux, sous couvert d'une galerie de persos respirant le cool. Déjà, c'est rigolo.
Ce qui est plus notable, c'est qu'au-delà des icônes qu'il met en scène, Gunn se plaît également à rendre compte de leurs émotions, de leur passif, de leur vécu. Au fil de la progression du récit, les personnages gagnent en épaisseur et valent plus à nos yeux que de simples gloubiboulgas de références culturelles éparses. Gunn rit avec elles, et quand il décide de jouer, as usual chez lui, du décalage, en amorçant la tragédie par du rire, c'est sans cynisme, mais plutôt avec une réelle affection pour ces tordus.
C'est un Marvel, donc c'est très sage pour ce que ça veut être. Mais c'est aussi d'une sympathie indiscutable.

Et puis merde, je veux être Starlord, cet Han Solo à l'histoire affective passionnante, qui se gave de funk jour et nuit et porte un costume ultra-cool !

Comme, l'autre soir, j'ai été frustré de manger des brocolis alors que je voulais des Sushis, me suis rattrapé en m'enfilant trois japs coup sur coup: un classique de chez classique, un sexploitation, et un Kuro de derrière les fagots.

J'avais jamais vu de Mizoguchi.  C'est nul je sais, surtout que "Les contes de la lune vague après la pluie", mérite sa réputation de beau film. Un conte cruel porté par un regard étonnamment bienveillant (vu les idiots sur lesquels il se pose). Le glissement vers le fantastique n'a pas été ce que j'ai préféré mais on ne peut pas dire que ça n'est pas parfaitement justifié dans le propos (les héros chassant des chimères). En fait, il est difficile d'y trouver quelque chose qui n'y soit pas parfaitement justifié, et même si la vision du film n'a pas provoqué en moi un fol enthousiasme, du genre à me faire sauter sur le canapé en criant "C'est bon ça", plus j'y repense, plus je me dis "C'est quand même bon, ça". D'autres Mizoguchi se sont donc mis sur liste d'attente.

En fait de Sexploitation (ou Pinku Eiga, comme on dit là-bas. Enfin, faut croire. En tout cas c'est ce que dit Wikipédia, donc moi, je le crois), "Le fou de Shinjuku" est surtout un petit polar avec quelques nichons par ci par là (et une scène de viol, la seule en couleur, ou une fille se fait peinturlurer par le sang de son copain fraichement cané, avant de partir en tournante. Y a plus bandant, donc).
Mais très intéressant comme film. Fait avec des bouts de ficelles, ça raconte la descente aux enfers d'un type de la campagne venu dans les quartiers chauds de Tokyo pour y trouver l'assassin de son fils. Et la réal colle à son sujet, alternant classicisme sur certaines séquences et modernité sur d'autres (moderne pour les 70's, s'entend). Etonnant.
J'ai appris après coup que le gars (Kôji Wakamatsu) avait fait plus de cent films, avait créé un incident diplomatique entre le japon et l'Allemagne lorsque le festival de Berlin avait sélectionné l'un d'eux, avait produit "L'empire des sens", et est mort récemment, écrasé par un taxi après avoir déclaré préparer un film à charge sur la Tokyo Electric Power Company. Un gars taillé pour entrer dans la légende, donc.

Et me suis terminé sur "Sanjuro" un petite comédie d'action de Kurosawa. Au niveau technique, on est au delà, le film est d'une élégance qui flatte non stop la rétine. Après, il se permet aussi des choses (comme de laisser l'incident déclencheur hors champ) qui pousse au recul et limite d'emblée l'implication. Donc un peu dommage. Après, la réal, l'humour, l'énergie et surtout Mifune emballent le tout. Faut dire que Mifune, c'est la classe incarnée. Quand même.

Après ça, je me suis fait trois films du dimanche soir bien ricains. Avec en commun des titres Français très cons.

"Le refroidisseur de dames" un polar/comédie (adapté d'un roman de William Goldman), très classique: un tueur en série narcissique communique avec le flic chargé de l'enquête. Beaucoup de déjà vu, des trous et des incohérences dans l'histoire, mais aussi pas mal d'humour (la scène où George Segal, le flic présente Lee Remick, sa petite amie à sa mère juive est géniale), et surtout un Rod Steiger (le tueur en question) déchainé dans un cabotinage jouissif.

"La folle mission du Docteur Schaeffer", James Coburn est engagé pour être le psy du président des Etats-Unis. Au début, super fier, il déchante vite à force d'être appelé à toutes heures du jour et de la nuit. Surtout, il développe une bonne grosse parano, persuadé d'être suivi par les Russes, la CIA, les Chinois, les Zimbabwéens… De fait, il est bien suivi par les Russes, la CIA, les Chinois, les Zimbabwéens, tous après les secrets du présidents. Quand le psy jette l'éponge, une course poursuite entre agents secrets s'engage pour récupérer le malheureux docteur. Le film est franchement poilant, part rapidement en vrille, plein de fantaisie et avec un Coburn excellent (j'apprécie de plus en plus le talent que ce type avait pour la comédie). Regrettables la fin bâclé qui tombe un peu trop dans le n'importe quoi, et les concessions à la mode de l'époque (séquence chez les gentils hippies et trip, trop sage, au LSD), mais de sacrées bonnes répliques et des gags réjouissant.

Et enfin "Les flics ne dorment pas la nuit" de Fleischer avec George C. Scott et Stacy Keach, le meilleur du lot. Une réal brute, une approche réaliste de deux flics accrocs à leur boulot de nuit. Quelques séquences assez dures et le portrait d'hommes dépressifs, auto destructeurs, prêts à sacrifier famille et amis pour le shoot d'adrénaline que leur procure leur job. Stacy Keach est très bon, mais une fois encore, Scott emporte le morceau. Vraiment pas mal du tout.

Maintenant, je vais me faire Capitaine des Amériques 2 et Godzilla 25, histoire de me redonner envie de voir des bons films.

Vu "Les combattants", premier long de Thomas Cailley. Une histoire d'amour entre un jeune gus qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie (joué par Kevin Azaïs) et une fille un peu cinglée obsédée par la survie et la fin du monde (Adèle Haenel)... Le film est assez impressionnant par sa maîtrise jamais ostentatoire. La réalisation sait gérer les ruptures de rythme, que ce soit dans le comique drôle, le contemplatif, ou dans des plans plus sensuels ou encore quasiment à la lisière du fantastique. Voir une telle attention à la narration par l'image est assez réjouissant pour un premier long-métrage et montre que le réalisateur a déjà une place à part dans le cinéma français. Si on ajoute à ça un scénario bien troussé qui sait marier une thématique classique à un contexte inédit au cinéma (les deux jeunes se retrouvent ensuite dans un stage de préparation de l'armée de terre) et à un amour des acteurs qui jouent tous très bien jusque dans les seconds rôles (dont un réchappé de la série "SODA", j'espère bien qu'il fera d'autres trucs), on a peut-être là le meilleur film français de l'année. Donc allez-y, soutenez le bon cinéma de nos vertes contrées !

Celui-là me tente vraiment, apparemment, il emballe tout le monde.
Et Lebghil est un super gars (et ça commence à se savoir, tant mieux).

ça m'a fait un peu de peine de voir qu'il enquille sur le "aladin" de Kev' Adams, du coup.

Le gamin a pigé cette année qu'il allait devoir tourner de la merde pour survivre.
Il a pigé aussi qu'il vaut parfois mieux faire une drouille qui fait des millions d'entrées plutôt qu'un excellent film à 15 000 spectateurs.
Monde de merde.

Tant que je le verrais pas faire le con dans une émission d'Arthur sur TF1, je garderais espoir.

ENNEMY réalisé par Denis Villeneuve; je dois être un des rares spectateurs à avoir apprécié le film de Denis Villeneuve. Un petit film fantastique sur la crise identitaire parsemée d'images très fortes (quelle fin!!). Rien de révolutionnaire, le bouzin dure 1h30, c'était parfait.

Ce message est uniquement dédié à Bruttenholm. Compte-rendu, à force copier/coller car j'ai la flemme d'écrire autre chose, de ma semaine cinéphile:

DUPONT LAJOIE de Boisset:

Ah, tout de même...il déconne pas, Boisset...Pfiuu.

Le film coup-de-boule, qui commence comme une savoureuse chronique nationale du racisme ordinaire, un brin satirico-mordante (du genre à ne pas caresser le beauf dans le sens du poil, contrairement aux merdes avec Clavier), avec un casting des plus délectables qui plus est...avant de virer au tragique, quitte à remuer le public (français) à coups de poings dans les côtes, tout en conservant tout du long cette écriture habile et incisive, à la fois frontale et distanciée...

Boisset explose la mince frontière entre le rire jaune et le dégoût pur et simple, nous met le nez dans la fosse et démontre qu'il n'y a qu'un pas entre l'humour gras propre à la connerie quotidienne et l'expression la plus crasse de la dégueulasserie humaine. C'est simultanément appuyé et, hélas, tellement juste à bien des points de vue, que cette analyse désespérée d'une société qui n'est ici jamais prise en pitié fait froid dans le dos. Impitoyable, donc. (et encore d'actualité)

L'époque où le cinéma français pouvait à la fois être populaire (comprendre, s'adresser au peuple, parler du peuple) et te cracher à la gueule. Ou, tout du moins, t'ouvrir les yeux, sans concessions ou discours pédagogique foireux, sur le malaise social dont on est tous témoin.

Et l'affiche est impeccable.

MAIS QUI A TUE HARRY du gros Hitch !

Un film qui donne envie de s'installer au cœur du Vermont...ou plutôt ce Vermont sublime de grand écran, ce Vermont en Technicolor, virtuel, fictionnel, pusiqu'étant un mix, comme souvent chez Hitchcock, de sentiment de réalité et d'irréel (les feuilles des arbres sont en plastique, par exemple). Vrai ou faux, les paysages sont, en tout cas, d'une indiscutable splendeur...

Une majesté géographique qui sert aussi d'argument ironique, de contrepoint éloquent...rien de bien noble effectivement en cette histoire croquignolesque, qui représente surtout la quintessence de l'humour noir, voire délibérément macabre, du gros Alfred.

Bien des années avant moult comédies british portées sur la Mort et sa dimension dérisoire, Mais qui a tué Harry ? s'affirmait déjà comme du grotesque assumé, où le running-gag prend la forme...d'un cadavre. Le Harry en question.Tout simplement. Il suffisait d'y penser, ou d'avoir assez de mauvais goût pour en faire une comédie appuyée.

A travers cette farce qui joue de l'accumulation et de l'épuisement pour mieux garantir la rigolade, Hitch' se permet, évidemment, moult traits d'esprit au symbolisme sexuel évident. Le plus beau étant cette "révélation" finale, aussi incongrue que gratuite: l'aboutissement de ce faux film d'enquête (contrairement au très bon Le Crime était presque parfait) mais vraie œuvre comique, prend ainsi la forme d'une image coquine qui pourrait confiner au hors-sujet...le fameux "lit à deux places" !

D'ailleurs, le cinéaste ne s'est privé de créer, en toute sournoiserie, du suspens autour de cette idée qui n'a aucune concrète utilité...si ce n'est le plaisir du chef d'orchestre et celui du spectateur, surpris et amusé.

Divertissement décalé (la belle Shirley qui propose de la limonade toutes les deux minutes) et indéniablement moderne, auquel Hitchcock lui-même porte beaucoup d'affection...

SHOCK CORRIDOR de Fuller !

Des aliénés en noir et blanc qui rêvent en couleurs, le KKK, la Corée, Dieu, la NASA, et surtout, la lucidité:

"Hamlet was made for Freud. Not you !" à mettre en parallèle avec "What a tragedy. An insane mute will win the Pulitzer Prize."

Dans ce capharnaüm social visant autant le système psychiatrique que le journalisme poussé jusqu'à l'absurde, Fuller n'est pas aimable, volontiers violent, et ça fait du bien.

UNE NUIT A L'OPERA: c'est très bien.

LA SOUPE AU CANARD:

Portnawak extravagant, non-sens réjouissant, rythmique des dialogues hallucinante, absurde, jeux de mots foireux au possible, satire fracassante, un concentré de slapstick, de Mel Brooks, d'Allen, de ZAZ et de centaines d'autres, tout cela réuni en un seul film de 1927.

La séquence du "miroir": de la folie pure.

Une leçon.

SECONDS de Frankenheimer !

Voyage hallucinatoire à travers les voies sinueuses de l'identité et autres déformations mentales, réflexion vertigineuse sur la sémiologie de l'image (et donc du visage, et donc de l'apparence, et donc de la mise en scène) mais aussi sur l'absurdité de la vie, parabole cruelle au visuel avant-gardiste, cauchemar graphique dont personne ne peut ressortir indemne...

Époustouflant.

BORN YESTERDAY de Cukor !

Au premier abord, une classique histoire de relation triangulaire: un milliardaire bourru et violent, sa compagne, belle pépée qui se doit en permanence de la fermer, et un journaliste libre qui va prendre soin de l'éduquer...

Cukor propose au public américain une réécriture politique, tout à fait ancrée dans son temps, de ce synopsis traditionnel. Car, comme le dit l'adage: "tout est politique"...et ce tract le démontre. Ainsi, le richard sans scrupules, au-delà de sa stature machiste, représente avant tout le fascisme, quand l'amant, fier personnage au costard impec', symbolise la démocratie, et par extension le centre névralgique des Etats Unis: ses fondements, sa Constitution, sa fierté morale, Thomas Jefferson, ses idéaux, et pourquoi pas son caractère utopique. Comme nombre de héros sillonnant le cinéma américain, dont l'une des versions contemporaines les plus notables serait le Costner des Incorruptibles, on retrouve ici l'archétype du Citoyen en quête de Vérité et de Justice (si ce n'est, ici, qu'il n'a pas recours à la force). Et, au milieu, une potiche qui va rapidement trouver en la réflexion patriotique la plus juste un moyen intellectuel d'atteindre l'émancipation, pour ainsi dire la Liberté, avec un grand "l", comme la Statue. Comme le précise le titre français vachement balourd: ou "comment l'esprit vint aux femmes".

Le journaliste et l'homme d'affaires, deux versants, en fait, de l'american dream, qui tous deux occupent ici Washington: d'un côté, sa façade négative, jugée antipatriotique, l'image du dévoreur mafieux qui perçoit en chaque chose (dont la femme), et en l'Amérique, une marchandise. De l'autre, son versant moderne et mélioratif, honnête, qui au nom de la Loi, de la liberté d'expression et des droits du citoyen, se confronte à la dictature. Tout cela dans la cadre d'une simili-romance. A la fin, c'est le Bon qui gagne...

Intéressant, pour qui souhaite se rappeler que "le cinéma est politique" (et l'on ne parlera pas ici du site médiocre éponyme)...

KING OF KONG ! (ouais, je sais, mais n'empêche...)

Grand documentaire.

Parce qu'il n'étudie pas le jeu vidéo par le prisme de la révolution technologique ou du mouvement culturel et générationnel, mais qu'il rétablit avec une indéniable justesse la relation humaine, avec tout ce que cela implique de sentiments contraires et de violence, qui existe entre un jeu et son joueur.

Du passe-temps à l'obsession (et non "l'addiction"), de l'obsession à la compréhension de ce que représente une telle activité.

Parce qu'au portrait d'un monstrueux mégalomane, tout droit sorti d'une fiction sensationnelle où il tiendrait le rôle du bad guy, s'ajoute le portrait, primordial, de ce que le jeu vidéo véhicule de positif: derrière la compétition quasi robotique, le dépassement de soi et la réalisation personnelle, et au-delà des coups bas et de la mise en scène superficielle de sa propre personne, la simplicité et la modestie qui mènent à la victoire, une victoire pas seulement par rapport à autrui mais par rapport à soi-même.

C'est dire si King of Kong, l'histoire d'un duel de nerds, est d'emblée "à hauteur d'hommes"...

Mais, hormis ce renvoi constant et ludique entre un "protagoniste" honnête et sa nemesis effroyable, le film compile qui plus est tout ce qu'il faut en terme de symboles inhérents à l'american dream. En cela, KING OF KONG prend la forme d'un ROCKY du gaming, jusqu'à l'usage du fameux morceau Eye of the Tiger...Soif de puissance, ou tout simplement de reconnaissance, quart d'heure de gloire warholien, vanités, american way of life, poursuite du bonheur et volonté personnelle, tout y passe en thématiques puissamment ancrées dans la culture américaine.

Ainsi, l'on peut étudier ce docu romanesque à la fois sous l'angle de la sociologie et de la philosophie.

Ce serait oublier de faire part de sa qualité émotionnelle, de l'épaisseur des "personnages" que l'on nous présente et que l'on va suivre durant plus d'une heure, des ressorts narratifs propres à la fiction garantissant l'attrait de l'oeuvre et son rythme (comme l'a souligné Debbache dans sa très juste chronique), bref, sa qualité, en somme, de pur divertissement.

On pourrait continuer longtemps, mais surtout...

Comment un film ayant pour sujet évident le jeu vidéo, et qui commence sur une citation de Burroughs, pouvait-il être mauvais ?

Pas vu le docu, pas un fanatique du Hitchcock mais pour le reste, c'est quand même du tout bon.
Une semaine cinéphile par mois, et tu auras mérité de te faire la complète des Nerds et des Porkys le reste du temps.

J'essaie de faire la culture du gamin, 'm'en voulez pas...
(résultat des courses, il voit plein de classiques que je ne connais ni d'ève ni d'adam)(la fougue de la jeunesse)
(ça a l'air bien en plus)

(vu Shock Corridor et Duck Soup quand même)
(la scène du miroir est un classique, je l'ai déjà vu repiquée dans d'autres films)

Bruttenholm a écrit:

J'essaie de faire la culture du gamin, 'm'en voulez pas...

Au contraire. On désespérait qu'il ne s'intéresse jamais au cinéma.
C'est chouette.

Sérénade à trois: très divertissant, chic, un triangle amoureux qui sied bien à la comédie romantique...Cela étant dit, je préfère, et de loin, Billy WILDER. Si Lubitsch a fait un chef d’œuvre plus grand que la vie, je prends tout de suite.

Tarantula: 1955: sur les écrans, le procédé-inverse de ce qui deviendra l'un des films les plus estimables de JACK ARNOLD...Ici, ce n'est pas "l'homme qui rétrécit", mais l'araignée (plus précisément, la tarentule) qui s’agrandit...Dans les deux cas, c'est la médecine qui en prend un coup.

En plus de rendre compte d'un schéma narratif qui, dans le genre film-catastrophe et monster movies, fut depuis plagié un nombre incalculable de fois, TARANTULA est vraiment saisissant d'un point de vue esthétique.

La force du noir et blanc, ô combien atmosphérique, permet de garantir le spectacularisme inhérent au genre, en surlignant par la composition du plan les entrées du monstre, sa néfaste présence et sa progression. La séquence d'ouverture est particulièrement marquante: le désert, la figure simili-zombiesque, la sensation de perdition, la menace, c'est impressif en diable.

Je retiendrai ce superbe plan ultra efficace où la tarentule, jusqu'ici objet de contemplation pour nous autres spectateurs, devient elle-même...spectatrice, scrutant sa victime, prête à attaquer, Arnold se plaisant à nous captiver en nous collant face au regard assassin de la Bête.

The Tingler, un fort bon moment d'horrifique fifties, surtout intéressant d'un point de vue ludico historique...Bien avant JOE DANTE, qui est l'un de ses plus grands admirateurs, CASTLE parasitait le cinéma horrifique et perturbait le spectateur tranquillement assis dans son fauteuil, l'interloquait, dialoguait avec lui... ou plutôt c'est sa bestiole, représentation rampante de la Peur (les frissons du spectateur, la peur-totale, la peur qui tue), qui, à la manière d'un Gremlin furibard, s'introduisait vicieusement dans la cabine du projectionniste...Quitte à perturber cette séance nocturne, la nôtre ! De la salle dans le film à la salle réelle, il n'y a qu'une solution: crier.

Au-delà de sa dimension de pur plaisir cinéphile, THE TINGLER pose la question, peut être la plus essentielle qui soit: qu'est-ce donc que le cinéma d'épouvante ?

La réponse de William CASTLE serait...

L'horreur, c'est Vincent Price.

Ce sont des cris, abondants, nécessaires, ceux des personnages comme ceux du public.

C'est un royaume fait d'ombres et de lumières, où la seule couleur vive...est le rouge, celui du sang. La seule réponse aux fantômes vivant dans l'obscurité, c'est cette baignoire remplie de sang, image qui régale l’œil autant qu'elle l'effraie.

Ce sont des masques monstrueux, qui servent à effrayer jusqu'à ce que mort s'ensuive...

Ce sont des expressions exagérées, surlignées par l'effet musical, celles des visages paralysés par la peur, ce sont des grimaces dues à l'effroi le plus intense.

Enfin, le cinéma d'épouvante serait la représentation ultime de la frousse, cette sensation qui progressivement nous envahit, ce malaise insidieux, qui ici prend une forme organique...

Une bien belle réponse, en vérité !

Et un joli spectacle.

La Féline: Un trésor de symbolisme psychanalytique. (voire même "psy-chat-nalytique).

Entre les portes, les escaliers, les formes architecturales, les cages, les clés, les zones d'ombres parsemées de raies de lumière, l'imaginaire félin, l'enfance, autant de résonances allégoriques à la conscience humaine et ici féminine....Panthère, Diable, Esprit, Magie Noire, Refoulé.

Tourneur dresse un pont entre l'Animal et l’Âme. Entre les deux, le psychiatre, dévoré par ce qu'il ne peut combattre.

Et c'est plutôt très bien vu.

Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0 Brazil 3.0

Lubitsch:
- To be or not to be
- Ninotchka
- The shop around the corner
- Le ciel peut attendre
- Cluny Brown
- Désir (co réalisé avec Borzage)

Vois donc tout ça, et on en reparle.